Déterminer une Russule: l'enquête préliminaire
V1901
Hypothèse ou détermination
Voir
Définir que l'on a entre ses mains une Russule est très facile même aux débutants (chair cassante, sphérocytes ou sphérocystes ), la placer correctement dans une section est autrement difficile:
- parce que sans doute la couleur du chapeau n'est pas un caractère primordial,
- ensuite parce que les caractères micro jouent un rôle crucial dans ce placement.
C'est donc une véritable enquête qu'il faut mener, faites d'observations macro et micro, enquête qui pourra nous mener de l'hypothèse (if any) à la détermination i.e une hypothèse un peu plus probable.
Macro
- Habitat
Minimum: conifères, feuillus, mixte.
- Saveur et odeur
Goûter séparément lamelle et chair.
- Couleurs
Couleurs présentes sur le chapeau et le stipe.
- Sporée
échelle Romagnesi,
échelle Dagron,
correspondance avec les Russules
- Réactifs
Gaiac, Fe
utilisation dans l'étude des Russules
Micro
- Le piléipellis
Déterminer les éléments du revêtement du chapeau.
Indispensable au niveau de la classification.
Voir ce que dit PAM (M.Lecomte)
- Les spores
Grande importance au niveau de la séparation des espèces
- L'ornementation
- Les autres éléments
- Les dimensions sporales
- L'exercice
- Le reste
- Le caulopellis
- La lamelle
- Les spores
Les spores des Russules (et des Lactaires) sont amyloïdes, les parois sont colorée en bleu-noir par l'iode et s'observent obligatoirement dans le Meltzer.
Privilégier les observations sur sporée à celles sur lamelle ou sur exsiccata. Que regarder ?
Schéma
- Ornementation sporale
Spores_1 ,
Spores de R.turci ,
Ornementation des spores (OLD) ,
Ornementation des spores (NEW) ,
Tableau de M.Bon
Il s'agit de caractériser l'ornementation de la spore. On peut le faire en tirant 3 informations de l'observation micro:
- une variable caractérisant la complexité des éléments formant l'ornementation, échelle I à IV (A à D, M.Bon ) par exemple ou plus (si affinité) ... un peu comme l'échelle de couleur de Romagnesi.
- présence ou pas de connectifs, "c", verrues reliées, crêtes caténulées...
- hauteur de l'ornementation "h", observée en mettant au point sur les parois. La hauteur de l'ornementation peut varier entre 0.2 et 3 μ.
Notes:
- La classification recouvre plus ou moins celle en:
verrues isolées >> crêtes >> réseau .
Cela s'entend de manière statistique. Des éléments plus simples se retrouvent tj dans des ornementations plus sophistiquées.
- Rôle important des connectifs. Attention à une amyloïdie tardive observée qq fois. Produit des shifts de I vers II ou de II vers III. (i.e R.parazurea)
- La hauteur de l'ornementation peut se traduire en classe (comme dans le tableau de M.Bon) ou en donnant simplement la hauteur, ex: h (0.7-0.9 μ).
- M.Bon fournit un tableau avec 4 classes concernant les éléments d'ornementation et 3 classes en hauteur: 1 (subnulle ou peu visible), 2 (vers 0.5 μ), 3 (1 μ et plus). Notez l'absence des connectifs dans les représentations.
- Apicule et plage supra-apiculaire
- Noter les caractéristiques de la plage sub (supra) apiculaire, dimensions, amyloïdie. Assez stable.
- Les Heterophyllidia ont des spores à plage non amyloïde.
- R.farinipes a une plage non amyloïde, R.fellea une plage amyloïde.
- Russules à amyloïdie faible (caractère en général constant): R.viscida, R.puellaris...
- La forme, l'importance, les dimensions de l'apicule peuvent être aussi notées.
- Mesures sporales
... Voir aussi @
- Niveau 0 : sur lamelle
3-4 spores mûres i.e les plus grosses. C'est juste un test de compatibilité si on a une hypothèse.
- Niveau 1: sur sporée
Spores_2
- - Protocole:
Sporée faite directement sur lamelle de verre. Nécessité d'un protocole:
- Choisir le réactif, pour des Russules le Meltzer. Le résultat des mesures peut être dépendant du réactif.
- Choisir un profil bien définie : position costale ou (et) profil sphérique ( en plongée)...et mettre au point sur les parois.
Spores_1
- N'inclure ni l'ornementation, ni l'apicule dans la mesure de la spore.
Spores_3
- Sélectionner des spores "à plat" dans la préparation, non des spores ± en plongée (mise au point).
- S'efforcer d'être impartial dans le choix des spores (en excluant les éléments manifestement hors norme), ne pas prendre les spores en un seul endroit de la sporée.
- Mesurer un nombres de spores de l'ordre de n= 20 à 25 (30). Bien suffisant.
- - Résultat:
Peut se présenter sous cette forme:
L=7.8 ±0.4 μ, e=6.0 ±0.2 μ, Q=1.29 ±0.06, n=20.(Meltzer), Φ= 6.1 ± 0.2 μ, n=23
- L- longueur de la spore
- e- largeur de la spore
- Q- rapport L/e : spores globuleuses, subglobuleuses, subcylindriques, elliptiques...
Attention: distinguer l'aspect dans la préparation de la forme réelle de la spore. Des spores à Q élevé peuvent apparaître subglobuleuses ! Nécessité de bien sélectionner les spores mesurées.
- Φ- diamètre des spores à profil circulaire.
Chaque fois, on donne la valeur moyenne, et le "rms" de la distribution
- - Discussion:
Les mesures n'ont pas pour but de déterminer des dimensions absolues mais sont une aide à la séparation d'espèces proches.
Attention ! Au final les mesures apparaissent très variables... pour une même espèce, mais aussi pour une même récolte... un même exemplaire... une même sporée...
Une des causes: spores bisporiques et spores tétrasporiques (voir le "rms") mais il y en a bien d'autres (météo, maturation du spécimen, substrat, variété...). Malgré tout...
- Ex:
R.cavipes,
R.integra
- Comparaison des spores de R.adulterina et R.firmula ,
- Comparaison des spores de russules "rosea-like"
- L'exercice
Russula sur PO ,
Mesures ,
Russula (la solution)
- La cuticule
Déterminer de quoi est fait la cuticule, sa structure, ses éléments:
- Les ingrédients micro:
- Les dermatocystides (ou piléocystides)
Eléments ± différentiés, à contenu huileux, fusoïdes ou clavées mais aussi cylindriques, se colorant en noirâtre dans les réactifs sulfo-aldéhydiques . Visible aussi dans le Rouge Congo ou dans l'eau. Peuvent être non septées, multiseptées ou pluriseptées, qq fois présentant des incrustations.
Dermatos de R.nitida
Note (14/2/23):
- Types de dermatocystides (à confirmer) :
- DE, d'origine épicutis (en parallèle avec les poils), septées ou pas, en général courtes et ± clavées.
- DH, d'origine hyphale, en provenance du subpellis, unicellulaire ou pluriseptées, ± clavée à l'apex, rattachée à une hyphe (primordiale ?) étroite (3-4 μ) du subcutis.
- DSP, d'origine subpellis ou profonde dans le suprapellis. En général cylindriques et septées, avec un ou plusieurs éléments terminaux élargis, clavés ou spathuliformes. Possible terminaison des laticifères en route vers l'épicutis.
- Contenu des dermatocystides (à observer dans le RCA):
- dermatos à contenu granuleux
- dermatos à contenu réfringent
- dermatos à contenu vacuolaire (ou guttuleuse ou olifère)
- dermatos présentant des stries parallèles (cas de R.romellii)
Pas sûr d'être une information utile, R.maculata nous a présenté sur une récolte les 3 premiers types, ce qui ne s'est pas reproduit sur les micros suivantes. R.romellii présente des dermatos à bandes parallèles observées dans la plupart des récoltes (notée aussi par C.Dagron). Mais la même topologie peut s'observer chez d'autres espèces. Bien possible que cela soit le résultat d'une évolution du contenu des dermatos, celles ci passant de guttuleuses à granuleuses. Remarque analogue au sujet des septas, bien visibles pour un réactif, invisibles (ou difficilement visibles) dans un autre. On parlera alors de "pseudosepta". Cela relativise les appelations pluriseptées ou multiseptées ou encore septées- non septées. Le contenu des dermatos évolue avec la maturité des dermatos ?
- Les hyphes primordiales (HP)
Eléments longs, cylindriques, avec de nombreuses cloisons. Ne se colorent pas mais peuvent secréter sur leur surface des incrustations que l'on va pouvoir observer avec la fuchsine . Ces incrustations résistent à l'action des acides: on dira qu'elles sont acidorésistantes
HP incrustées R.integra.
HP incrustées R.lilacea.
HP incrustées R.risigallina. (Bull.AMFB -2012)
- Les poils
Eléments terminaison d'hyphes, paraissant vides, grêles. L'observation de leur forme peut apporter des informations importantes au niveau de l'espèce ou d'un groupe.
Poils de R.faustiana
- Les coupes :
- Scalp
- Coupe radiale
- Les moyens :
- Observation Sulfovaniline (I)
Dermatos 1 ,
Dermatos 2
Observations des dermatocystides:
- H2SO4 + Vaniline >> Sulfovaniline (SV)
- bout de cuticule (scalp) + SV >> observation micro >> dermatos SV+ ou non
- Observation Fuschine
Voir (M.Lecomte) ,
Voir Incrustations
Observations d'éléments "incrustés" dans le revêtement piléique (cuticule) :
Hyphes primordiales ou qq fois dermatocystides
- bout de cuticule (scalp) + Fuschine (5') >> lavage >> observation dans HCl.
- Observation dans RCA (I)
Exemple 1
Visualisation des poils cuticulaires et des autres éléments, dermatocystides et hyphes primordiales.
- Observation dans RCA (II)
Une meilleure vue est obtenue par la méthode suivante (méthode Dagron):
eau de Javel (30"... ou plus) >> rinçage à l'eau >> observation dans RCA
- Observation d'une coupe radiale (RCA), (Fuchsine) ou (SV)
Bonne vue de la structure de la cuticule. Permet de résoudre qq ambiguïtées ( dermatos ou laticifères).
¶ Toutes les observations ne sont pas obligatoires mais "in fine" la composition du revêtement de la russule doit être claire.
- Classification (sg. Russula) :
- Incrustations présentes
- Piléocystides présentes
- Acres
Rubrinae
- Non âcres
Integrinae, Paludosinae, Laetinae, Lepidinae
- Piléocystides absentes
- Acres
-
- Non âcres
Roseinae, Lilacinae, Amethystinae, Chamaeleontinae, Ochroleucinae, Integroidinae
- Incrustations absentes
- Piléocystides présentes
- Acres
Russula, Violaceae, Firmae, Insidiosae
- Non âcres
Tenellaeae, Viridantes, Polychromae
- Piléocystides absentes
- Acres
-
- Non âcres
Olivaceinae, Auratinae