Gloiodon strigosus (Swartz : Fr.) P.Karsten, 1879, Auriscalpiaceae, Hericiales

L.V 15/1/18 *

• Introduction
• Caractéristiques macro
• Caractéristiques micro
• Commentaires
• Bibliographie

Introduction

Caractéristiques macro

1. Chapeau
   Basidiomes étalé-réfléchis à piléés sur le support avec de nombreux (?) petits éléments de 3 à 6 cm. Tenaces et souples les basidiomes sont d'une couleur brun-sombre à noirâtre.
   Revêtement fortement strigueux, constitué d'un tomentum brun sombre, fait de mêches de poils hirsutes, noirâtres, de 3 à 5 mm, bien espacées sur le revêtement.
   Surface abhyméniale: détails tomentum.
2. Hyménium
   Les aiguillons coniques, 4 à 8 mm, assez souples, brun-clair à brun foncé, prennent naissance par groupe de 2 ou plus dans une chair peu épaisse, environ 1 à 1.5 mm, de couleur beaucoup plus clair que le tomentum. Cette chair souvent développée en plaques discontinues ou en simples cordons au milieu du tomentum (voir figure) et séparée de celui-ci d'une ligne sombre, s'est révélée d'une âcreté importante sur le frais, piquante rapidement.
   Aiguillons.
   Coupe du basidiome (détails).
3. Sporée
   Sporée blanche.

Caractéristiques micro

1. Spores et ornementation
   Le tableau ci-dessous présente les mesures sporiques fournies par les différents récolteurs. Nos mesures sont réalisées sur sporée dans le Meltzer, spores en position costale donc présentant un coté adaxial bien visible (L × l) mais aussi présentant un profil circulaire (Φ). Résultats sur 20 spores minimum.
   

   Mesures sporiques

   Auteur	année récolte	L × l (μ)	Φ (μ)
   Niemelä	1988	(4) 4.5-6 × 3.5-5.
   A.Stalpers	1996	(4) 4.5-5.5 (6) × 3.5-4.5
   B.Rivoire	1998	4.5-5.2-5.8 × 4.1-4.6-5.4
   Rywarden	2003	4.-5.5 × 3.5-4.
   J.Duc	2007	4.5-5.5 × 3.8-4-4.5
   Eric	2017	4.5-5.5 × 4-5
   MC1	2017	4.8 ±0.2 × 3.9 ±0.2	3.9 ± 0.2
   MC2	2018	5.3 ±0.3 × 4.2 ±0.3	4.3 ± 0.3

   
   Spores globuleuses hyalines dans l'eau mais très sombres intérieurement et parois noirâtres dans le Meltzer. Verrues fines et basses (0.2-0.3 μ) clairement amyloïdes. Apicule minuscule, peu visible. Spores non cyanophiles.
   Spores. Photo E.Michon
2. Autres caractéristiques micro
   Basides clavées, tétrasporiques et bouclées, mesurées 20 x 6 µm.
   Le tomentum piléique à été observé dans le mélange, Phloxine + KOH. Hyphes squelettiques, brun pâle de 4 µm environ, réunies en faisceau ou en mèches, avec des hyphes monoliformes jaune pâle de 2.5-3 µm. Les boucles sont nombreuses, mais distantes et assez volumineuses. Les hyphes terminaux des aiguillons sont à peine émergentes, incrustées, noyées dans un gelin important. Présence de gloéocystides arrivant dans le sous-hyménium ou l'hyménium (4-8 μ), éléments terminaux d'hyphes longuement cylindriques (3-6 μ), à contenu réfringent, noirâtre (SV+) dans la sulfovaniline.

Notes et observations

• Gloiodon strigosus est mentionnée en France uniquement dans l'Est de la Région Rhône Alpe (Réf MycoFlaura) et récoltée par M. J.FOSSIEZ, le 3/4/91 à LYAUD (74), par M.GRUAZ, le 17/4/92 à MARGENCEL (74), par M. J.DUC, le 23/9/95 au Col de Cuvillat à CHAMPDOR (01), par B.RIVOIRE, le 2/10/98 aux Lanchettes à VALMOREL (73), par J.M.Moingeon à Labergement-St-Marie (25) le 16/8/04, par J.J. Roth à Besain (39) le 1/10/16.
  Espèce qualifiée de boréale-continentale (Jahn 1983) ou oro-boréale (J.Duc 2007), G.strigosus est signalé des pays scandinaves, de Russie et d'Europe centrale le long de l'arc alpin. En Suisse une récolte est mentionnée dans l'Atlas de répartition des champignons suisse (Reutingen 2015) et une autre dans le canton de Genève à Chancy, le long de la Laire (Roth 2013).
  
• D'après R. LABBE (ref ?), cette espèce pousse en milieu humide près de l'eau ou dans les endoits où le taux de l'humidité de l'air reste élevé en automne et peut survivre jusqu'au printemps. La plaine de Saint-Laurent du Pont bénéficie d'un climat le plus humide du département de l'Isère, preuve en est, la présence de plusieurs zones humides dont la tourbière de l'Herretang.
  L'âcreté de la chair et du tomentum est signalée en 1906 par H.J. BANKER(ref) "Taste intensely acrid, odor not marked" (ref).
  
• La phylogénie moléculaire a montré que les Gloiodon appartiennent à la famille des Auriscalpiaceae incluse dans l'ordre des Russulales. G.strigosus est ainsi proche de Auriscalpium vulgare et d'espèces aussi différentes du point de vue morphologiques que les Lentinellus à lamelles, les Albatrellus porées, et autres Hericium à aiguillons.
  Position phylogénétique des Gloiodon.
  
  
• La détermination de Gloiodon strigosus ne semble pas poser de gros problèmes. La proche Auriscalpium vulgare pousse sur cône de résineux et est stipité, ce qui n'est pas le cas de notre champignon. Des basidiomes de même habitus, comme Dentipellis fragilis ou Spongipellis pachyodon ont des couleurs bien plus claires, des spores différentes et lisses. G.strigosus est la seule espèce mentionnée pour le genre Gloiodon dans le référentiel mycologique national. Deux autres Gloiodon apparaissent dans la littérature à partir de récoltes en Asie et au Canada, G.nigrescens et G.occidentale. Voir une clé du genre Gloiodon (1996): de J.A.Stalpers (Study in Mycology, N°40) et ref. 9 pour plus de détails sur la taxinomie et la nomenclature .
  
• Voir notre publication avec Eric Michon sur cette récolte : Bull. mycol. bot. Dauphiné-Savoie n° 279 (2018)5-10.

Bibliographie

1. BANKER H.J. (1906) "A Contribution to a revision of the North American Hydnaceae" p 99-194.
2. BOIDIN J. (1991) Bulletin Fédération Mycologique Dauphiné-Savoie N° 120, p. 16 et p.21
3. BOIDIN J., MUGNIER J., CANALES R. (1998) "Taxonomie moléculaires des Aphylophoralles.", Mycotaxon, 66 p 204-232
4. BUJAKIEWICZ A. (2007) "Gloiodon strigosus in Poland", Acta Mycologica, Vol.42(1):69-73. - Voir.
   
5. BOURDOT H., GALZIN R., (1928) "Hyménomycètes de France." 762 p
6. CHAPON P. (2000), "Les champignons à aiguillons" (?)
7. COURTECUISSE R., DUHEM B. (1994), "Guide des champignons de France et d'Europe", 476 p
8. ROTH J.J (2013), Champignons de Genève, Voir: photo, texte.
   
9. DESJARDIN D.-E, RYVARDEN L. (2003), "The Genus Gloiodon", Sydowia, 55 (2) p 153-161 - Voir.
   
10. DUC J., (2007) Bull.Soc.Lin.Lyon, 76_7 p 217-224. - Voir.
    
11. JAHN H., STURM Ch. (1983) "Der seltene Stachelpilz Gloiodon strigosus in den Alpen gefunden." Westfäl. Pilzbr. 10-11 p 209-220. - Voir.
    
12. JAHN H. (1979) " Pilze die an Holz waschsen" Busse 268 p.
13. JULICH W.(1984) Kleine Kryptogamenflora. IIb/1, p. 112
14. KOSKI-KOTIRANTA S., NIEMELA T. (1988) "Hydnaceous fungi of the Hericiaceae, Auriscalpiaceae and Climacodontaceae in Northwestern Europe", Karstenia 27 p. 43-70 - Voir.
    
15. MAAS GESTERANUS R. A. (1964) "Notes on Hydnum 2" Persoonia, 3 (2), p. 155-192
16. MILLER SL, LARSSON E. et al. (2006), "Perspectives in the new Russulales", Mycologia 98 (6)960-70.
17. STALPERS J.A, (1996) Study in Mycology, n^o 40.